jeudi 31 octobre 2019

Ça va t'amuser


J'ai rien contre les jeux et autres amusements, mais cette phrase - somme toute anodine- me met en rogne ces temps-ci.

C'est que je débute bientôt un nouvel emploi. Très souvent quand j'annonce cette nouvelle aux gens de mon  entourage, j'ai droit à cette réflexion. Si les gens gardaient pour eux cette pensée, ça me dérangerait pas du tout; ben non ... ils l'expriment à haute voix!

Pour m'amuser - dans le sens de divertissement- j'ai plusieurs options: lecture, musique, films, sorties entre amis. Les idées ne me manquent pas! Je ne suis pas le genre de personnes   à m'emmerder (l'absence de billet sur ce blog depuis ... deux ans prouve ce que je dis). Je trouve facilement à m'occuper.

De nombreux projets m'ont occupé dernièrement et continuent de m'occuper, ce qui explique mon absence ici. Mais je retrouve avec joie le plaisir de partager avec vous mon quotidien par le biais de ces billets. Sans vous faire de promesse formelle, je vais essayer de venir vous jaser de temps en temps.

Comme vous pouvez le voir, je ne me suis pas guéris de ma manie de "m'écarter" du sujet de mon billet. 😊

Donc, je dois faire de gros efforts pour pas pogner les nerfs quand j'entends ça! J'y réussis la plupart du temps en me disant que les gens souhaitent avoir du plaisir dans leur travail et qu'ils veulent qu'il en soit de même pour moi. Malgré tout, je reçois mal ce commentaire, comme si les gens ne prennent pas au sérieux mon travail et le considère comme un jeux.

Je vais sûrement m'amuser dans ce nouvel emploi mais c'est surtout pour des raisons financières que j'ai accepté.

Je ne manque de rien présentement   mais ... je suis épuisé de vivre serré dans les limites de mon budget. En fait, il me manque le luxe de choisir, choisir un produit ou un aliment un peu plus dispendieux qu'un autre. Le luxe de ne pas toujours "appréhender" ma facture d'épicerie. Le luxe de ne plus avoir   peur que quelque chose se brise dans mon appartement et que je doive le faire réparer. Le luxe de la facilité de payer pour mes services au lieu des -trop- nombreuses démarches auprès des instances gouvernementales pour obtenir ces services gratuitement ou à faible coût. Le luxe de  pouvoir me payer des  petits plaisirs, rien d'extravagant: massage, spectacles, restaurants, voyages, etc., sans me priver de l'essentiel. C'est vraiment un luxe de choisir et ça fait longtemps que je n'ai pas eu ce luxe.

Il y a une autre phrase que j'entends parfois quand j'annonce le début de mon nouvel emploi, c'est:
Ça va te faire un passe-temps.

J'imagine que ceux et celles qui me disent ça ne s'entendent pas, ne réalisent pas ce qu'ils disent. Souvent, j'imagine leurs réactions si je disais une  telle chose lorsqu'ils me parlent de leur travail. Et je vous jure que parfois ça passe proche!

Je suis bien équipé en passe-temps et hobby. J'ai pas besoin d'un travail pour "passer le temps".

Je me doute que les journées de boulot vont passer vite mais ... c'est pas pour sa fonction de passe-temps, ni celle d'amusement que je vais travailler.

C'est pour me sentir importante, pour apporter ma contribution à la communauté, pour rencontrer des gens, pour une relative liberté financière et ... pour "prouver" qu'une personne handicapée peut être sur le marché du travail ( avec adaptation  de poste de travail).

Je sais que  les premiers jours seront peut-être difficiles mais ... je suis remplis de confiance en moi-même. J'ai déjà hâte que les premières semaines soient passées pour que mon poste, et mon lieu de travail, soit adapté à moi!

mardi 5 décembre 2017

L.E et L.U

Ce sont les abréviations pour lecture expérience et lecture utilitaire. Ces deux   abréviations   me "trottent" dans la tête depuis quelques temps déjà.

La LE et LU est le sujet d'un de mes exposé lors de mes études universitaires. La  littérature et le monde des mots m'a toujours attiré et intéressé. D'aussi loin que je me souvienne. Il n'était pas rare, quand j'étais enfant, de me voir avec un livre. Maintenant adulte, il n'est pas  rare de  me voir le nez plongé dans un bouquin.


Ces deux concepts - lecture expérience et lecture utilitaire- m'étaient complètement inconnus avant un certain travail fait à l'université. Je n'ai pas fais d'étude en littérature mais j'ai toujours essayé de faire un lien avec la lecture et le domaine de mes étude (le loisir). Plusieurs diront peut-être que ce n'est pas si difficile de lier le loisir et la lecture.  C'est plus difficile que ça paraît; surtout quand on a affaire à des professeurs réticents aux nouvelles choses!

J'ai suivi un maximum de cours permis dans mon cursus qui avaient rapport avec la littérature. Je ne me souviens plus si cet exposé sur L.E et  L.U a été fait dans un de ces cours. Sûrement.

À l'origine de ce soudain rappel, la lecture de quelques mots - à prime abord sans conséquence- dans un livre (Hiver à Sokcho d'Elisa   Shua Dusapin, p.17)
"...
- Vous lisez beaucoup?
- Oui, avant mes études. Avent, je lisais avec le cœur. Maintenant, avec  le cerveau.
..."

La L.E, lecture expérience, est cette forme de lecture qui se fait avec le cœur. C'est la lecture d'un bouquin qui  nous fait vivre des émotions. C'est un assemblage de mots qui   nous transporte ailleurs. Un moment de distraction, une évasion de notre quotidien. En lisant  ce genre de lecture, nous éprouvons des sentiments. Toute la gamme des émotions se retrouve dans une expérience de lecture, dans une L.E.

Quant à la L.U, le nom le dit: c'est strictement utilitaire. C'est les modes d'emploi, les   recettes et  les rapports entre autres. C'est souvent le genre  de lecture que l'on fait dans le cadre de son boulot. Lecture pratico-pratique: les noms des rue, l'horaire des autobus/métro,  affiches publicitaire, formulaires administratifs. C'est la lecture qui nous apprends quelque chose. Nous lisons par obligation, pour apprendre à utiliser tels ou tels appareils, pour savoir où aller ou quoi faire.

C'est aussi la première forme de lecture que nous maîtrisons (l'apprentissage des lettres et des sons se fait souvent dans un cadre utilitaire.) C'est malheureusement aussi la seule forme de lecture que plusieurs adultes pratique.


Personnellement, j'adore les bouquins qui mélange L.E et L.U. Les livres écrits par  des auteurs d'ailleurs en sont un bon exemple. Ou bien les histoires qui se passent dans des pays  outre nos frontières. Parfois, c'est des mots dans une autre langue que j'apprends par ces lectures, parfois ce sont des concepts qui m'étaient jusqu'alors inconnus et souvent je découvre une culture bien différente de celle que je connais.



Un  ami - je ne sais pas si il va garder longtemps ce titre- m'a dit dernièrement que je pouvais tuer le temps en lisant. Que la lecture est un beau passe-temps. Que j'avais la chance de ne pas "m'abrutir" avec des lectures pour le boulot n'étant plus à temps plein sur le marché du travail. Ma réponse a été assez virulente vous pouvez deviner! 😉


Comment peut-on parler de tuer le temps? À chaque fois que j'entends cette expression, j'imagine de quoi aurait l'air les  funérailles du temps! Pis, passe-temps ... quel mot détestable. La durée d'une journée est la même pour tous: 24 heures. Je ne suis peut-être plus sur le  marché du travail à temps plein mais ma condition physique m'obliger à dormir près de dix heures par nuit.

Il est vrai que la lecture s'est intéressant, c'est un beau loisir. Si je lis autant, c'est sûrement pas  parce que je trouve ça plate. J'aime lire, autant de la L.E que de la L.U. J'ai appris ça tout jeune, les gens autour de moi lisaient beaucoup. Tout d'abord mes parents,    mais aussi toute la famille et les amis. L'école encourage la lecture  mais rien ne vaut l'exemple. Comme je le dis dans ce billet, donnez l'exemple est la meilleur apprentissage qu'un enfant peut avoir.

Je termine ce billet en  vous demandant qu'elle est votre lecture préférée: L.E ou L.U? De plus, vous pouvez peut-être m'aider car je me pose la question: les journaux ... est-ce L.E ou L.U?

lundi 18 septembre 2017

Ah ce mot!

J'entretiens des sentiments mitigés avec le mot encore.

Durant mon enfance, ce mot était étroitement relié à mon plaisir et à ce qui me faisait plaisir. Encore maintenant, le premier "réflexe" que j'ai en entendant ce mot est PLUS. Je sais maintenant que c'était dans le sens d'ajouter que ce mot m'apparaissait à l'époque. Et je pense que c'est la première définition que la plupart des gens lui donne. Souvent quand quelqu'un me verse du thé, ou du lait dans mon café, je ne dis pas plus de thé ou plus de lait mais bien encore.

Quand ce mot indique une répétition, j'aime bien. Comme :"Encore du gâteau au chocolat!" Pour une chose que j'aime - comme le gâteau au chocolat- l'emploi de ce mot me fait plaisir. Mais quand il est employé pour m'informer que j'ai "Encore cassé une assiette" ça me fait me sentir les mains pleines de pouces. Ce qui s'avère parfois véridique!

Il y a un autre sens à ce mot qui m'est moins famillier. Encore peut indiquer un degré plus grand avec les adverbes plus, moins, mieux, davantage : C'est encore plus difficile que je n'imaginais. J'utilise peu ou pas ces formes langagières qui me semblent de l'ordre de l'exagération ou de la répétition.  Mais c'est peut-être un moyen de mettre l'accent, d'appuyer, sur l'adverbe.


L'utilisation que l'on fait de  ce mot qui me plait le moins est apparu dans ma vie durant mon adolescence, moment où j'ai commencé à avoir des problèmes de santé. Je me souviens de quelques tirades mémorables faites à des amis à cette époque. Ce qui me faisait sortir de mes gonds, c'est lorsqu'on me disais que je pouvais ENCORE faire telle ou telle chose. L'expression me portait à croire que je ne pourrais plus prochainement faire ces choses. Ce qui me chagrinais beaucoup. Encore (!) aujourd'hui, bien que je me sois assagi, il m'arrive de grincer des dents quand j'entends ce mot utilisé dans ce sens.


Je ne me cache pas la tête dans le sable et je ne pratique pas le déni face à la maladie dégénérative qui ravage mon corps. Je sais bien - et je le constate par moi-même- qu'il y a des choses que je pouvais faire par le passé et que je ne peux plus maintenant. Mais en est-il pas de même pour tout le monde? Malgré mon désir d'autonomie, je n'ai pas honte de demander de l'aide si nécessaire. Ce n'est pas parce que je prends plus de temps  à effectuer une tâche que je ne peux la faire, ou que j'ai besoin d'aide.  En général, les gens évaluent le temps de réalisation d'une tâche sur leur propre temps d'exécution pour cette tâche; ça leur prend cinq minutes pour faire ça alors si tu en   prends huit ou  neuf ben ... tu as besoin d'aide. Ce qui est pas toujours le cas. Offrir de l'aide, c'est bien beau quand c'est offert et non pas imposé. Parfois, des gens prennent pour acquis que j'ai besoin d'aide sans vérifier auprès de moi; parfois c'est agréable mais parfois ... c'est exaspérant!


Mais je m'éloigne, ENCORE une fois, du sujet de ce billet.

Pourquoi est-ce que les gens - en général- mettent l'accent sur la "possibilité" de ne plus faire une chose en employant le terme encore? J'aimerais tellement mieux que l'on accroche su le fait que je peux faire telle ou telle chose. Je crois qu'on pourait se réjouir pour moi au lieu de me rappeller, sans me le dire, qu'un jour peut-être je ne pourrais plus faire telle ou telle chose. Bien que réjouir ne soit pas le mot approprié; je ne sais quel autre mot utiliser. Le sens que je veux donner à ma phrase, c'est de plus positiver. Et l'idéal serait d'accepter la sitation telle qu'elle est et sans plus de commentaire.

Le jour où je ne pourrais plus m'acquiter de telle ou telle tâche, je saurai m'en rendre compte et rémédier à la situation. Mais pour le  moment, j'aimerais bien que l'on se concentre sur ce que je peux faire et que l'on n'anticipe pas trop sur un avenir incertaine.

Je fais de gros efforts pour rester connecté au moment présent et à empêcher mon esprit de se projeter dans le futur. Un banal "Tu peux encore faire ça" prononcé sans arrière pensée par une personne rencontrée à l'épicerie se révèle pour moi un cruel rappel de ma réalité. Il m'est difficile de rester, et de profiter, du moment présent (moment où je peux ENCORE faire telle ou telle chose) lorsqu'on me fait penser que mes capacités peuvent faiblir, voire s'estomper.

Je n'ai pas ENCORE trouvé la bonne formulation pour répondre lorsque des gens me font de tels commentaires. Je veux vraiment éviter de répliquer quelques chose de blessant et/ou de façon trop spontané; loin de moi l'envie de blesser les gens. Quelqu'un aurait-il des suggestions?

mercredi 15 mars 2017

À chacun ses victoires!

Ce qui semble "banal" pour une personne est ... une petite victoire pour une autre.

Il m'est difficile de lister les problèmes de santé qui sont rattachés à la maladie qui attaque mon corps. Car je suis en fauteuil roulant "à cause" d'une maladie héréditaire qui vient avec une kyrielle d'affections. Parmi celles-ci, il y a l'incoordination de mes mouvements et le peu de dextérité fine. Je fais avec ça.

Pour ceux et celles qui ne serait pas familier avec le terme dextérité, c'est l'adresse de la main pour exécuter des actions et le qualificatif fine indique l'agilité nécessaire pour les tâches délicates ou précises. Comme ramasser une pièce de monnaie par terre, attacher des lacets de soulier ou boutonner une blouse. Parfois, même boire dans une tasse m'est problématique ainsi que de porter la fourchette, ou la cuillière à ma bouche, Tenir un stylo dans ma main m'est difficile tout comme écrire manuellement (probablement un des plus grand "drames" de ma vie). Avec le temps, j'ai développé d'autres façons de faire les choses et des moyens pour surmonter ces difficultés.

Ça fait plusieurs années que je suis comme je suis. Je m'y suis habitué. Ma situation ne progresse pas trop vite. J'essais d'oublier ma condition en focalisant plus sur les solutions que sur les problèmes, plus sur mes victoires que sur mes échecs, plus sur le positif que sur le négatif, plus sur ... vous comprenez le principe?

J'aime les omelettes et m'en fais de temps en temps. Mes difficultés de coordination, et aussi mon problème de dextérité, font qu'il m'est difficile de tourner l'omelette dans le poêlon. La plupart du temps, l'omelette ressemble plutôt à des oeufs brouillés! Ça change pas grand chose au goût mais ... c'est pas une omelette plate et ronde.

Dernièrement, je suis parvenue à tourner l'omelette dans le poêlon pour poursuivre la cuisson de l'autre côté. Wow, je me suis épaté!! Une fois tournée, j'ai ajouté des morceaux de fromage qui ont fondus pendant que la cuisson se terminait. Je n'ai pu résister à l'envie de prendre une fois avec l'intention d'écrire un billet pour partager avec vous cette petite victoire.


Il m'est parfois - souvent- difficile d'attacher de l'importance à des gestes "routiniers" pour la plupart des gens. Pourtant je m'impressionne moi-même assez souvent mais de là a en parler ... je franchis rarement le pas. Je suis une personne assez secrète,  du genre qui  ne se livre pas facilement à tout un chacun. La plupart du temps, je choisis à qui je parle de mes victoires. Lorsqu'il m'arrive de le faire, la réaction des gens me surprends toujours. La plupart des gens à qui je fais part de mes petites victoires sont contents pour moi. Pas autant que moi mais quand même!

Je suis toujours stupéfait de la réaction des gens. Pour moi qui vit au quotidien avec mes limitations, je comprends la portée de ces victoires mais pour une pesonne de l'extérieur ... c'est dur de croire qu'elles réalisent l'importance de ces petites victoires pour moi.

Il m'arrive parfois de mal choisir les personnes à qui je parle de mes victoires. Des gens qui me comprennent pas ma fierté face à tels ou tels succès. Ou que leur réaction est en-deça de ce que je croyais. J'essais de m'en souvenir pour la prochaines fois, me rappeller de ne pas mentionner mes succès, aussi minimes soit--ils, à cette personne. Mais la mémoire est une faculté qui oublie et ... je récidive avec ces personnes!

J'ai appris depuis peu qu'il est IMPORTANT de souligner nos petites victoires ainsi que nos succès. Pour ma part, il s'agit bien souvent de tâches ou gestes du quotidien qui ne représentent pas de défi pour la majorité des gens. Cependant, je suis moi, je suis le héros de ma vie et mes petites victoires sont mes victoires!

mardi 20 septembre 2016

Connais-tu?

Y'a un mythe concernant les personnes handicapées qui me pose problème - d'accord il y en a beaucoup, j'avoue - c'est celui que toutes les personnes handicapées se connaissent. 

C'est pas le cas :-)

Dans les cinq premières minutes que je rencontre quelqu'un, il ou elle me parle de sa mère, de son frère ou autre parent ou connaissance qui est en fauteuil roulant. Et qu'il ou qu'elle connait ça les personnes handicapées parce qu'il ou qu'elle s'est "occupé" de cette personne handicapée.




Et il n'est pas rare  que l'on me demande si je connais cette personne. Avouez que comme "salutation" y'a mieux! 

J'imagine que j'ai une bouille sympathique et que les gens se sentent rapidement familier avec moi. Cet aspect me plait car je ne veux absolument pas mettre les gens mal à l'aise face à moi qui est en fauteuil roulant. Mais parfois - assez souvent- je trouve que ces gens agissent de façon un peu trop cavalière avec moi.

J'imagine que les gens agissent ainsi pour me donner confiance et pour que je me sente en sécurité. Mais c'est exactement le contraire qui se produit! Chaque personne est différente  alors ... pourquoi est-ce que toutes les personnes    handicapées seraient pareil?  Et comme que chaque personnes handicapées est différente, la façon de rentrer en relation et d'interagir avec elle est dfférent.

Quand je rencontre quelqu'un qui me dit, avec de  la fierté dans la  voix,qu'il s'est "occupé"de sa grand-mère en  fauteuil roulant,  c'est loin  de me rassurer! Fort à parier que j'exprime plus mes besoins qu'une grand-mère en fauteuil roulant. La plupart des personnes âgées éprouvent une certaine  honte à être en fauteuil roulant et m'expriment pas toujours leurs  besoins et/ou désirs.Bien que j'aimerais ne pas être en fauteui roulant, je n'en ai pas honte. Je n'en retire pas de la fierté mais j'en ai pas honte tout comme je vais demander de l'aide pour une tâche spécifique si nécessaire.

Le  mythe que toutes les personnes handicapées se connaissent entre elles est encore plus fort dans la même ville ou village. Dans ce cas-là, en plus "supposément" connaitre les autres personnes handicapées, il est fréquent de se faire prendre pour une autre personne handicapée.

Quand il y a une ressemblance, je fais preuve d'indulgence mais la plupart du temps la ressemblance se limite … au fauteuil roulant. Pis encore: la similitude se limite au fait d'être assis et pas au même "niveau" que la plupart des gens.

Rare sont les fauteuils roulants identiques. Petite anecdote: il y a quelques années j'ai pu me procurer un deuxième fauteuil pour mon travail. La kyrielle de spécialistes que j'ai rencontré à l'époque m'ont assurer   que le deuxième fauteuil roulant (celui pour mon travail) serait en tout  point pareil au premier (celui que j'utilise tous les jours). Je reçois le fauteuil roulant numéro 2 qui semble à première vue identique au numéro 1 excepté la couleur. Comme les deux sont identiques, je peux les interchanger, que je me suis dis, et utiliser le numéro 2 pour mon quotidien et le numéro 1 pour mon travail. Erreur que je me suis empressé de  rectifier le lendemain: je ne passais plus dans les cadres de porte de mon appartement!

Ok, mon exemple est extrème et moi-même je me suis faite avoir mais ... comment confondre un fauteuil roulant motorisé avec un fauteuil roulant manuel? Un quadriporteur et un fauteuil motorisé?







Ça c'est pour l'aspect "bébelle"  du problème. Je comprends qu'une personne qui ne connais pas la terminologie et les spécificités des différents appareils PEUT -et je dis bien peut- se tromper. Je crois que ces confusions seraient facilement évitables si les gens prenaient un petit temps d'observation/réflexion avant de parler.

L'autre aspect du problème -et celui qui me tourmente le plus- est la confusion que la plupart des gens font des personnes handicapées. Et en particulier des personnes en fauteuil roulant car tel est mon cas.

Lorsque la méprise ne se produit qu'occasionnellement je fais preuve de compréhension mais quand la situation se répète top souvent ... ma patience est mise à dure épreuve!

Une personne handicapée est tout d'abord ... une personne. Avec sa personnalité, ses goûts, ses défauts, ses qualités. Qu'en pensez-vous? Seriez-vous du genre à me confondre RÉGULIÈREMENT avec une autre personne en fauteuil roulant?

vendredi 5 février 2016

Une ou deux fois par an

je fais le lavage de mon fauteuil roulant.

Bien que le manuel d'entretien de fauteuil roulant recommande de faire ça à tous les mois, je ne suis pas assidu à la tâche. À moins d'un événement "salissant", genre une promenade dans la bouette ou une réparation, je ne suis pas du genre à passer le chiffon savonneux sur mon fauteuil roulant (d'ailleurs, je devrais dire le fauteuil roulant car il ne m'appartient pas, il m'est prêté ... pourrait-on pas me prêter des jambes fonctionnelles à la place?)


C'est vrai que lorsqu'Apothéose, nom donné depuis peu à mon fauteuil roulant, est tout propre, il roule beaucoup mieux et les mécasnismes fonctionnent adéquatement. Mais ... je trouve compliqué de préparer une telle tâche et, je l'avoue, je trouve ça un peu tannant. Je serais du genre à laiser Apothéose sur le perron par une journée pluvieuse.

Donc, dernièrement fût une de ces journées. La tâche est pas si terrible que ça, c'est la préparation qui est longue. Je dois m'assurer que tout ce que j'aurais besoin dans les prochaines minutes soient à la portée de main car ... une fois "débarqué" de mon fauteuil roulant et assis sur le plancher, je ne veux pas avoir à "réembarquer" dans mon fauteuil roulant pour aller chercher des chiffons ou des broches et/ou  ustenciles. He oui ustencile car la poussière et la crasse se faufillent partout. Pis y en a des petits racoins sur un fauteuil roulant!

Un bol d'eau savonneuse, un autre d'eau clair, des chiffons en masse, des cure-dents, des broches et même un couteau près de moi, je m'assois à terre dans la salle de bain et me met au boulot. Je commence par le plus facile: le dossier extérieur et intérieur. Le revêtement du coussin va directement à la laveuse et sécheuse. Le dossier est en tissu et je passe un chiffon humide dessus et ça fait la job. L'air ambiant le sèchera pendant que je fais le reste.

En étant assis pas terre, je suis à la bonne hauteur pour nettoyer les tuyaux sous le fauteuil. Là il y en a de la poussière et de la crasse! C'est à peu près l'équivalent  d'un dessous d'auto: assez proche du sol pour que la poussière ait pas trop long à faire pour s'agripper à quelque chose. Et ce quelque chose se trouve à être le dessous de mon fauteuil roulant! Je passe allègrement  un chiffon humide afin de dépoussièrer Apothéose. C'est aux jonctions que c'est un peu plus compliqué mais ... le plus dur s'en vient.

Maintenant, je m'attaque  au devant: là où il y a plein de raccoins aimants à crasse. J'ai enlevé mes appuis-pieds. J'utilise une longue broche pour nettoyer les tuyaux où les appuis-pieds s'accrochent. Ce sont des trous sans fond: j'en découvre des choses là-dedans! Des  trombones, des  bouts de papier, des cheveux, de la poussière en quantité, des petites roches, des  morceaux de chocolat et même un mini-crayon. Chaque découverte me rappellent un événement et je vois dans ma tête comment cet objet s'est retrouvé là.


Je demande de l'aide pour basculer le fauteuil roulant sur le côté et enlevé la grande roue.  En pressant au milieu et en tirant, on réussit à dégager la roue. Je la nettoie sommairement et la met de côté afin de me concentrer à "plus sale". Effectivement, les essieux sont remplis de fils (peut-être des cheveux). J'en enlève plusieurs à la  main car je ne veux pas passer un chiffon et enlever l'huile nécessaire au bon fonctionnement du mécanisme de la roue. La roue partie, j'ai accès à des endroits salis par la poussière et la bouette des chemins inaccessibles quand lsa roue est en place.

Je frotte avec un chiffon d'eau savonneuse pour ensuite rincer et essuyer. Je fais le même manège pour toute les structures du fauteuil roulant qui me sont accessibles. Quand un côté me semble propre et départie de sa crasse, je "m'attaque" à l'autre côté après avoir remis la roue en place. Le deuxième côté est un peu plus sale que le premier. J'utilise un couteau pour "décoller" les saletés qui ne veulent pas partir avec juste de l'eau et du savon. C'est fastudieux mais ... j'y arrive. J'assèche le tout avec mes chiffons secs.

C'est fini! Je replace la roue et bascule le fauteuil roulant "sur ses roues". Je le fais rouler un peu en le tirant et promenant avec mes bras (je suis toujours assis par terre) pour vérifier mon travail et que celui-ci a pas nuie au bon fonctionnement d'Apothéose. Tout semble parfait et je peux maintenant "réembarquer" dans mon fauteuil roulant.

Comme je m'assois dans mon fauteuil roulant, un ami arrive à la maison pour m'inviter à aller prendre un café avec lui. J'accepte sans, déjà, plus penser qu'Apothéose est encore humide. Je m'habille chaudement pour sortir dehors par cette froide journée de janvier. Nous allons "à pieds" car le bistro est pas loin de chez moi. On flânent et on rigolent au bistro tout en sirotant notre café. Sur le chemin du retour, on rencontre des connaissances; on jase un peu. C'est en rentrant dans la maison que mon ami me demande: "Est-ce normal qu'il y ait du frimas sur ton fauteuil?"



mercredi 20 janvier 2016

Mr. Gwyn

de l'écrivain Alessandro Barrico


Livre que j’ai adoré et que j’ai dévoré en … deux jours!

C’est un écrivain qui après avoir publié une note dans le journal disant qu’il n’écrirait plus de roman se rend compte que l’écriture lui manque.
Il décide donc, au dam de son agent, d’écrire des portraits de gens.
Il se donne le nom de copiste.



Voici quelques extraits succulents:

Elle s’aperçut qu’elle avait une façon odieuse d’être charmante. (p.83 )

Elle éprouva alors l’ombre d’une pitié lointaine. (p.84 )

Mais tant de soin mis à fixer des limites et des contraintes cachait peut-être en lui le désir intime de s’aventurer au-delà de toute norme, ne serait-ce qu’une fois, à n’importe quel prix - comme pour arriver au bout d’un chemin. (p.85 )

Il se permit un sourire discrètement sceptique. (p.87 )

Il avait une façon merveilleuse de faire cafouiller tout ce qu’il touchait. (p.88 )

Il ne fût pas très simple. (p.90 )

C’était un homme de tempérament adorable. ( p.90 )

Il se trouvait derrière son bureau en train de lire. Il était toujours en veste et cravate parce que, soutenait-il, les livres méritent un certain respect. (p.92)

Elle comprit soudainement avec la même fulgurance que quand on découvre parfois longtemps après des choses qui sont sous nos yeux depuis toujours, juste en apprenant à les regarder. (p.98)

J’ai un faible pour les gens qui disparaissent.( p.100)

Nous avons tous une certaine idée de nous-même, peut-être à peine ébauchée, confuse, mais au bout du compte nous tendons à avoir une certaine idée     de nous-même; et la vérité est que bien souvent nous faisons coincider cette idée avec un personnage imaginaire dans lequel nous nous reconnaissons.. Mais nous ne sommes pas des personnages mais des histoires. (p.102)

Chacun de nous s’arrête à l’idée qu’il est un personnage engagé dans Dieu sait quelle aventure, même très simple, or nous devrions savoir que nous sommes toute l’histoire et pas seulement ce personnage. (p.102)

Chacun de nous est la page d’un livre, mais d’un livre que personne n’a jamais écrit et que nous cherchons en vain dans les rayonnages de notre esprit. (p.103)

Nous sommes tant de choses, nous les hommes. (p.103)

J'adore la façon que cet auteur, Baricco, accole des mots que l'on ne serait pas porté à mettre ensemble (odieux et charmant)   mais qui a bien y penser VONT ensemble. Une autre chose que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est la façon que prend l'auteur pour dire les choses différemment (il ne fut pas facile au lieu de  ce fut difficile).

Ce que je m'efforce de vivre tous les jours et que je défend ardemment, soit que nous sommes le héros de notre vie, trouve un écho dans ce livre. Un faible écho, mais un écho pareil! Imaginez quelques instants que quelqu'un écrive l'histoire de votre vie. Vous en seriez probablement le personnage principal. Pour ce qui est de moi, certainement comme je le dis dans cette page.

Je lis beaucoup et ce bouquin est l'un de ceux qui m'ont réchauffé le coeur. Le genre de livre qu'on ne veut pas finir tant il est plaisant de le lire. Vous est-il déjà arrivé de ressentir quelque chose de semblable avec un livre? J'aimerais savoir...

Je recommandre cette lecture à tous ceux et celle qui veulent passer un bon moment avec un des auteurs que l'on qualifie de brillant.